Espagne : La santé des vautours est menacée par leur consommation involontaire d’antibiotiques, avertissent deux chercheurs madrilènes.
Ces oiseaux se nourrissent en partie sur des carcasses d’animaux issus de l’élevage qui sont traités avec des antibiotiques pour éviter des maladies comme les quinolones, qui ont la particularité d’être persistants dans l’organisme. Plusieurs études ont montré qu’un mauvais dosage ou qu’une surconsommation de quinolones pouvaient avoir des effets néfastes sur le système immunitaire.
L’Espagne abrite une importante population de vautours, avec plusieurs espèces comme le vautour fauve (Gyps fulvus), le vautour moine (Aegypius monachus) ou le vautour percnoptère (Neophron percnopterus).
Traditionnellement, les éleveurs espagnols déposent des carcasses sur des sites dédiés aux vautours pour qu’ils se nourrissent. Cette pratique, interdite après la crise de la vache folle, a été rétabli en 2005 dans certaines régions.
Dans le centre du pays, les vautours dépendent beaucoup de ces charognes issues de l’élevage intensif, alors que dans le sud et l’ouest ils se nourrissent davantage de proies sauvages.
Pour mesurer l’impact d’une contamination par les antibiotiques sur les vautours, Jesüs Lemus et Guillermo Blanco, du muséum national d’histoire naturelle de Madrid ont réalisé des prélèvements sur les oisillons dans les nids de vautours. Les chercheurs ont constaté que le système immunitaire des oiseaux du centre de l’Espagne était plus faible que chez ceux du sud et de l’ouest.
Des travaux en laboratoires seront nécessaires pour établir le lien entre les quinolones et cette faiblesse immunitaire. Cependant ce n’est pas la première fois qu’une substance utilisée en médecine vétérinaire affecte les vautours : en Inde et au Pakistan, où ces grands rapaces mourraient de façon inquiétante, c’est un anti-inflammatoire, le diclofénac, qui a été mis en cause.
Une prescription urgente pour sauver les vautours asiatiques
Il resterait moins de 1% de la population de vautours chaugoun en Inde. (Goran Ekstrom)
Une solution simple peut et doit être adoptée pour sauver trois espèces de vautours menacés d’extinction en Asie, particulièrement sur le sous-continent indien, affirment aujourd’hui une équipe internationale de chercheurs. Le médicament donné au bétail et qui décime les vautours peut être remplacé par un traitement équivalent, aussi efficace, mais sans danger pour ces oiseaux, expliquent Gerry Swan et ses collègues dans la revue Plos Biology.
Les populations de trois espèces de vautours ont chuté brutalement de 97% en une quinzaine d’années. il s’agit du vautour chaugoun (Gyps bengalensis), du vautour indien (Gyps indicus) et du vautour à long bec (Gyps tenuirostris). Il y a deux ans des chercheurs ont trouvé la cause de leur mort : les vautours s’empoisonnent en mangeant des carcasses de bétail soignées au diclofénac, un anti-inflammatoire utilisé en médecine vétérinaire sur le sous-continent indien.
Swan et ses collègues montrent qu’un autre anti-inflammatoire, le meloxicam, est aussi efficace pour traiter les douleurs du bétail sans empoisonner les vautours. Ils espèrent que leurs résultats accélèreront la prise de décision politique en Inde, qui organise cette semaine une réunion sur la sauvegarde des vautours. L’Inde a promis en mars dernier qu’elle interdirait l’usage vétérinaire du diclofénac mais la mesure n’a pas encore été prise. De nombreux laboratoires fabriquent ce médicament en Inde. Cependant les chercheurs soulignent que le meloxicam, comme le diclofénac, n’est plus protégé par un brevet et qu’il ne sera pas plus coûteux à produire.
Les vautours sont importants pour éliminer les carcasses d’animaux morts. Leur déclin profite aux chiens errants, augmentant les risques de transmission de la rage dans des pays déjà très affectés par cette maladie.